Moins d’un mois après sa prise de pouvoir, le Président de la République Emmanuel Macron et son Premier Ministre Édouard Philippe, annoncent petit à petit les grandes lignes de leur programme politique. Les premières déclarations semblent fidèles à ce qui avait été énoncé tout au long de la campagne présidentielle.
Parmi les grands thèmes, l’emploi, la sécurité, mais aussi la politique du logement, qui connaît une crise ces dernières années. Surprise et inquiétude pour les professionnels de la pierre et les associations qui luttent contre le mal-logement suite à la nomination des 17 ministères qui composent le nouveau gouvernement.
Pour cause, aucun ministre du logement nommé, la tâche revient alors à Richard Ferrand, nouveau ministre de la Cohésion des territoires. Une annonce vivement critiquée par les acteurs du secteur foncier, qui soulève plusieurs questionnements notamment quant à la politique de défiscalisation immobilière et les actions menées au profit des mal-logés. Dossier.
Défiscalisation immobilière : un programme foncier controversé pour les professionnels de la pierre
La défiscalisation immobilière permet d’amortir l’acquisition d’un logement grâce aux loyers notamment, tout en bénéficiant de réductions fiscales. Plusieurs procédés et dispositifs coexistent à cet effet. Rendez-vous ici pour plus d’informations sur la défiscalisation immobilière et son application par le gouvernement d’Emmanuel Macron.
À l’annonce des grandes lignes de la politique foncière, l’Union Nationale de la Propriété Immobilière (association nationale des propriétaires) s’est insurgée au travers d’une pétition, qui compte actuellement plus de 20 000 signatures en moins d’un mois de mise en circulation.
Les propriétaires crient à la stigmatisation, ayant le sentiment d’être les premières victimes d’une politique présentée comme avantageuse à leur égard. Deux mesures phares du programme sur la défiscalisation immobilière sont dans le collimateur des bailleurs.
Emmanuel Macron et la réforme de l’ISF
Le nouveau Président souhaite réformer l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF) pour en faire un « impôt sur la rente immobilière », une proposition peu appréciée de la part des propriétaires, pourtant mise en place dans leur intérêt, selon le gouvernement.
Ces derniers jugent cette mesure scandaleuse et appellent à une reconnaissance de leur statut comme un secteur d’activité, et non une position de « rentier ».
Ils estiment exercer une profession à part entière, qui représente des investissements lourds, et donc une prise de risque importante, le tout en créant de l’activité et en mettant de nouveaux logements à disposition.
Au travers de sa pétition, l’UNPI espère obtenir la suppression de la réforme sur l’ISF, tout en bénéficiant d’un nouveau statut pour les bailleurs qui considère leur patrimoine comme un outil de travail actif.
Exonération taxe d’habitation
L’autre mesure qui fait polémique aux yeux des bailleurs en matière de défiscalisation immobilière : la suppression de la taxe d’habitation pour 80 % des ménages. Là encore l’UNPI exprime son mécontentement et qualifie cette proposition comme « un leurre ».
Jean Perrin, président de l’association a confié dans une entrevue avec l’entourage d’Emmanuel Macron, que la taxe d’habitation était une mesure juste, qui n’avait pas à être modifiée. Pour lui « il est normal de payer pour le logement que l’on habite ».
Bien qu’il reconnaisse un avantage pour les propriétaires, notamment en matière de pouvoir d’achat, le président de l’union des propriétaires développe son argument, expliquant que cette mesure représente une menace pour l’état des finances publiques.
Alors qu’Emmanuel Macron précise que le manque à gagner sera pris en charge par l’État, le président de l’UNPI rétorque en disant que les collectivités auront recours au seul levier dont elles disposent : la fiscalité. Ainsi cette mesure pourrait se traduire par une hausse de la taxe foncière que paient également les propriétaires, en augmentation de 16,5 % sur les 5 dernières années.